Vous ne supportez plus d’entendre votre voisin ou les bruits de la rue ? Bonne nouvelle, le bruit n’est pas une fatalité car des solutions techniques existent. Cet article aborde quelques points de repère pour aider ceux qui souhaitent entreprendre des travaux d’amélioration acoustique de leur logement.
Du bon usage de l’immeuble collectif
La vie en immeuble collectif suppose que les occupants y fassent preuve de respect mais aussi de tolérance.
Quand le bruit de vos voisins vous gêne, avant d’envisager la réalisation de travaux, il faut au préalable faire l’effort de distinguer les bruits qui sont dus à un comportement individuel anormal – pour lesquels il est toujours souhaitable de rechercher un arrangement à l’amiable – de ceux qui résultent d’une mauvaise isolation.
Il faut aussi se demander si notre exigence de confort n’est pas excessive. Car il ne faut pas confondre confort sonore et silence total. Par exemple, même dans les immeubles récents (postérieurs à 1996), qui bénéficient d’une isolation acoustique appréciable, le législateur n’a pas fixé une performance aux bruits d’impact qui permette de jouer à la pétanque d’appartement !
Diagnostic, prescription, mise en œuvre : les trois piliers de bons travaux acoustiques
Pour traiter efficacement un problème d’acoustique, la démarche comporte trois étapes incontournables : le diagnostic, la prescription et la mise en œuvre. Le soin apporté à chacune de ces trois étapes conditionnera la qualité de l’isolation acoustique obtenue après travaux.
Il faut, tout d’abord, identifier quelle est l’origine du bruit incriminé et comment il se transmet.
Dans un logement, avant d’arriver jusqu’à l’oreille de l’occupant, le bruit se propage par l’air – on parle de bruits aériens – et par la structure du bâtiment – il s’agit alors de bruits solidiens. Dans le cas d’une chaufferie, par exemple, le bruit peut provenir du brûleur de la chaudière (bruit aérien principalement) ou encore d’équipements hydrauliques tels qu’un circulateur (bruits solidiens).
Par ailleurs, le bruit utilise pour se propager dans un bâtiment tous les chemins qu’il peut emprunter. On distinguera ainsi les transmissions directes qui pour se déplacer d’un local à un autre traversent la paroi séparative (mur, plancher) et les transmissions indirectes qui concernent toutes les autres parois (surtout les parois légères) que le bruit parcourt pour contourner le séparatif.
Il ne faut pas perdre de vue que chaque logement est un cas particulier. Pour choisir la stratégie d’intervention la mieux adaptée, on se gardera bien des solutions standard pas forcément représentatives de la réalité.
Ainsi, dans certaines circonstances, le seul traitement de la transmission directe peut suffire pour obtenir une amélioration satisfaisante ; mais dans bien des cas, comme en présence de murs de refend légers (murs porteurs intérieurs), ce sont les transmissions indirectes qui propagent l’essentiel de l’énergie acoustique.
Si vous envisagez des travaux d’amélioration acoustique, il est donc fortement conseillé de faire appel à un spécialiste (acousticien, architecte, artisan expérimenté). Lui seul pourra vous garantir des résultats.
Côté performances, il faut viser au moins 5 décibels d’amélioration ; en deçà, les gains risquent fort d’être imperceptibles.
Par ailleurs, lors de travaux d’amélioration de l’habitat (plomberie, électricité, changement de revêtement de sol, etc.), on fera attention à ne pas dégrader la qualité acoustique du logement. Le cas – fréquent – du remplacement d’une moquette par du carrelage ou du parquet sans que des précautions acoustiques particulières aient été prises, hélas, est fréquemment source de contentieux devant les tribunaux.
Dès lors que vous vous êtes mis d’accord avec un artisan sur les travaux à réaliser, tout doit être consigné par écrit dans un devis. Document capital pour le bon déroulement des travaux, le devis pourra servir de preuve en cas de litige à condition qu’il soit clair, détaillé et rigoureux. Mais qui dit devis précis, dit formulation claire de la part du client. En d’autres termes, avant d’envisager des travaux, il est impératif de bien se documenter.
Les solutions d’amélioration acoustique
Avant de passer en revue les solutions, rappelons quelques principes de base.
Tout d’abord, plus une paroi est lourde plus elle constitue un obstacle s’opposant à la propagation du bruit.
Pour améliorer les performances acoustiques d’un mur vis-à-vis des bruits aériens intérieurs (radio, TV, voix), il faut appliquer le principe « masse-ressort-masse » : une lame d’air partiellement remplie d’un isolant joue le rôle de « ressort » entre le mur support et un parement rigide et lourd (voir schéma ci-contre). La performance est caractérisée par l’indice ΔRw+C (critère d’amélioration de l’indice d’affaiblissement acoustique, qui dépend du mur support et qui figure sur le descriptif du produit).
Une bonne nouvelle maintenant : les bruits aériens peuvent être traités aussi bien dans le local d’où vient le bruit (traitement à la source) que dans le local de réception. Autrement dit, pas besoin d’isoler des deux côtés !
Les sols, tuyaux, équipements bruyants, etc., peuvent, quant à eux, être désolidarisés de la structure du bâtiment par des matériaux souples afin d’empêcher la propagation du bruit.
Par ailleurs, le bruit s’infiltre par tous les orifices qui se présentent. De simples prises électriques de part et d’autre d’un mur peuvent ainsi créer un véritable pont acoustique entre deux locaux. Pour éviter ce problème, on évite d’implanter les prises en vis-à-vis.
Autre règle : pour pénétrer dans un logement, le bruit passe en priorité par le point faible (fenêtre, porte).
Enfin, quand le bruit ne passe plus, l’air en principe ne passe plus non plus… Par conséquent, il faut impérativement veiller au maintien d’un renouvellement d’air minimum, sous peine de voir apparaître des dégradations dans le logement (condensations superficielles, moisissures).
Un dernier point : il ne faut pas confondre l’isolation acoustique avec l’absorption acoustique. Ainsi, un tissu mural, qui est un matériau absorbant, n’atténue pas la transmission du bruit à travers la paroi sur laquelle il est posé. Seule l’ambiance sonore de la pièce traitée est modifiée par diminution de la réverbération. Mais vous entendez toujours votre voisin (et lui de même).
Pour améliorer les performances acoustiques d’un mur vis-à-vis des bruits aériens intérieurs (radio, TV, voix), on peut installer un doublage sur ossature métallique. Il est monté sur place à partir de profilés métalliques, d’une laine minérale ou biosourcée et de plaques de plâtre. Son avantage est d’être indépendant de l’état de surface du mur à isoler. Il permet les performances acoustiques les plus importantes (amélioration réelle de 5 à 10 dB, épaisseur 7 cm minimum).
On peut aussi recourir à un complexe de doublage prêt à l’emploi. Composé d’une laine minérale ou biosourcée (ou d’une couche de polystyrène expansé élastifié PSEE) collée sur une plaque de plâtre, le complexe est fixé à l’aide de plots de ciment-colle ou de fixations métalliques.
En dessous de 10 cm d’épaisseur (soit 8 cm d’isolant), l’amélioration de ce type de doublage risque d’être faible. On retiendra donc des matériaux qui présentent un ΔRw+C supérieur ou égal à 11 dB (pour un essai sur mur béton).
Attention, certains produits peuvent dégrader l’isolation acoustique du mur support. C’est le cas notamment des doublages rigides purement thermiques (polystyrène expansé PSE).
Concernant l’isolation des planchers, la solution la plus simple pour réduire les bruits de chocs est d’installer un revêtement de sol souple. PVC, vinyle, linoléum ou moquette ne sont vraiment efficaces que lorsqu’ils sont munis d’une sous-couche acoustique et offrent une amélioration ΔLw de 19 dB au moins (indice figurant sur le descriptif des produits). Sur les planchers bois, ces revêtements sont moins efficaces.
Attention : les sols souples n’atténuent pas les bruits aériens. Ils ne constituent pas non plus une solution en cas de parquet qui grince : celui-ci doit être remplacé.
Autre solution, la mise en œuvre d’un carrelage ou d’un parquet posé sur sous-couche souple mince. De réalisation délicate, cette technique nécessite l’intervention d’un spécialiste.
Enfin, la troisième solution consiste à couler une chape mortier sur une sous-couche acoustique. La sous-couche doit présenter une amélioration ΔLw de 17 dB au moins. Cependant, l’épaisseur du complexe (6 cm, ce qui peut poser des problèmes de seuils de portes et d’accessibilité) et la surcharge importante de la structure (100 kg/m2 environ) représentent des inconvénients.
Pour les bruits provenant de la rue, il faudra avant tout s’occuper des fenêtres, qui sont le plus souvent le point faible de la façade.
Si la mise en étanchéité de la menuiserie existante – au moyen d’un joint compressif – s’avère insuffisante, il faudra changer le vitrage ou la fenêtre. On veillera alors à l’équilibre entre bruits intérieurs et extérieurs : ainsi, la meilleure protection contre les bruits extérieurs apportée par le changement des fenêtres doit a minima être répercutée par un renforcement de l’isolation intérieure. La raison ? Une protection trop importante contre les bruits extérieurs – en particulier au voisinage d’un axe routier – peut se traduire par une plus grande perception des bruits intérieurs à l’immeuble (ascenseur, voisins, VMC).
Pour isoler en même temps du froid et du bruit, on optera pour un double vitrage à la fois thermique et acoustique.
Choisissez de préférence des produits certifiés ACOTHERM (pour les fenêtres) ou CEKAL (pour le vitrage seul). La mise en œuvre devra être particulièrement soignée, en particulier l’étanchéité des liaisons entre huisseries et structure d’accueil. On n’oubliera pas les indispensables entrées d’air acoustiques et, en présence de volets roulants, le renforcement éventuel des caissons.
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