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L’amiante a été intégrée dans la composition de nombreux matériaux de construction du fait de ses propriétés en matière d’isolation thermique et acoustique, de résistance mécanique et de protection contre l’incendie. En raison du caractère cancérigène de ses fibres, son usage a été totalement interdit en 1997. Toutefois, l’amiante est toujours présente dans de très […]

L’amiante a été intégrée dans la composition de nombreux matériaux de construction du fait de ses propriétés en matière d’isolation thermique et acoustique, de résistance mécanique et de protection contre l’incendie. En raison du caractère cancérigène de ses fibres, son usage a été totalement interdit en 1997. Toutefois, l’amiante est toujours présente dans de très nombreux bâtiments construits avant cette date. Que peut-on et doit-on faire pour l’éliminer ainsi que pour réduire l’exposition des personnes qui manipulent cette matière ?

 Le scandale de l’amiante a eu et a toujours un retentissement considérable et nous n’avons certainement pas encore mesuré avec justesse toutes les conséquences tant médicales que financières.

En effet, nous avons tous et toutes été exposés un jour ou l’autre, ou plutôt un jour et l’autre, à ce minéral dont l’emploi était quasiment devenu universel, de la semelle sur laquelle nos grands-mères posaient le fer à repasser aux galettes destinées à répartir la chaleur des plaques de cuisson, sans oublier le grille-pain, la planche à repasser, le sèche-cheveux, etc.

PETIT RAPPEL MINÉRALOGIQUE

L’amiante, nom masculin dénommé asbeste en ancien français, d’où le nom de la maladie qu’il provoque, l’asbestose, est une roche présente à l’état naturel à la surface du globe qui est un silicate magnésien ou calcique possédant des caractéristiques réfractaires, à savoir protectrices contre la chaleur et le feu, auxquelles s’ajoutent des qualités de résistance aux agressions électriques et chimiques et un grand pouvoir absorbant.

En résumé, un matériau qui ne possède que des qualités…

PETIT RAPPEL HISTORIQUE

Les propriétés de l’amiante sont connues depuis plus de 2 000 ans et les sociétés antiques en faisaient une grande consommation pour les vêtements funéraires et les mèches des lampes à huile.

Pline l’Ancien, qui comme son nom l’indique est le père de Pline le Jeune, celui qui décrivit l’éruption du Vésuve ayant détruit Pompéi, fait état des maladies pulmonaires dont souffraient les esclaves qui étaient chargés du tissage des tissus d’amiante utilisés pour confectionner des nappes que l’on nettoyait en les jetant au feu d’où elles ressortaient blanches comme neige.

Marco Polo fait également état dans le récit de ses voyages, Le Devisement du Monde, de pratiques similaires aux confins de l’Altaï.

Ce minéral est également d’un usage fréquent depuis le XIVe siècle, mélangé à de l’argile, par les potiers de Corse, dernier endroit en France où il subsiste une mine.

C’est la révolution industrielle qui est à l’origine de l’essor de l’usage de l’amiante, du fait de ses grandes qualités de résistance au feu et aux agents chimiques. Les Canadiens, qui l’exploitent à grande échelle à partir de 1875 (découverte des gisements du Québec), n’hésitent pas à le qualifier de « magic mineral » à savoir minéral magique.

Il sera fait une grande consommation d’amiante au cours de la première guerre mondiale, toujours pour les mêmes raisons.

Son usage va devenir particulièrement courant après la seconde guerre mondiale, tant en construction que dans un usage domestique, y compris pour filtrer le vin… et dans l’industrie automobile qui l’utilise pour augmenter la résistance à la chaleur des garnitures de freins.

Notons que l’interdiction de l’amiante en Europe qui ne date que du 1er janvier 2005… exclut les filtres à vin utilisés par presque 90 % des viticulteurs. Remercions le législateur de nous laisser le choix entre le cancer du poumon et la cirrhose du foie…sans oublier les pesticides !

EMPLOI DE L’AMIANTE DANS LA CONSTRUCTION

Son usage est particulièrement répandu dans le bâtiment : couverture, isolation, chauffage, canalisations, colles et joints, revêtements de sol, sans oublier son ajout en qualité d’adjuvant aux revêtements enrobés de nos routes afin d’augmenter leur résistance à la chaleur et à l’abrasion.

Avant l’interdiction de l’emploi de ce minéral, édictée de manière définitive en France en 1997, pratiquement aucune construction n’a été édifiée sans amiante. Son emploi le plus répandu concerne principalement les toitures, sous forme d’amiante-ciment, et les chaufferies sous forme de flocage.

Notons que les caractéristiques pathogènes de ce matériau étaient connues et décrites depuis 1897… et que c’est sans doute parce que les industriels de l’amiante étaient majoritaires au sein du Comité permanent de l’amiante que l’interdiction de son emploi a été si tardive…

EFFET PATHOGÈNE

Les conséquences pathogènes de l’amiante sont multiples et variées. Elles concernent principalement les voies pulmonaires, poumons et plèvres, du fait de l’inhalation des fibres, mais elles peuvent également affecter l’appareil digestif.

Notons que l’apparition des premiers symptômes peut intervenir entre vingt et cinquante ans après l’inhalation des fibres et que la durée de survie dépasse rarement un an.

On estime que le nombre de décès imputables à ces pathologies pourrait être compris d’ici 2050 entre 50 000 et 75 000 pour le cancer du poumon et entre 18 000 et 25 000 pour le mésothéliome. A ces chiffres pourraient s’ajouter les décès dus à d’autres cancers et pour lesquels la responsabilité de l’amiante n’a pas encore été mise en évidence…

Les personnes les plus exposées à ces risques sanitaires sont les personnels des mines d’amiante, les personnels des usines d’amiante – d’où le procès du fabricant de ciment-amiante Eternit qui a néanmoins donné lieu à des condamnations bien légères au regard du nombre de victimes – ainsi que les ouvriers du bâtiment, notamment les chauffagistes exposés au flocage des chaufferies tout comme tout le corps d’état œuvrant dans la rénovation des bâtiments et les salariés des sociétés de désamiantage.

Rappelons également les risques encourus par les personnes travaillant ou étudiant à longueur d’année dans des bâtiments contenant de l’amiante ou fréquentant des locaux tels que la faculté de Jussieu…

LÉGISLATION EN VIGUEUR

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’État ne s’est pas précipité pour interdire l’emploi de l’amiante, la France en étant le premier importateur mondial… Ce n’est que sous la pression de diverses associations que cet emploi sera interdit le 1er janvier 1997 par le décret n° 96-1133 du 24 décembre 1996.

Claude Allègre, futur ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie, bien qu’étant un scientifique reconnu par ses pairs, ira même jusqu’à dénoncer « un phénomène de psychose collective » concernant Jussieu, préférant certainement dégraisser le mammouth que désamianter la faculté !

Notons également que l’interdiction de l’amiante entraînera des poursuites judiciaires à l’encontre de la France devant l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) par le Canada, second producteur mondial et… notre principal fournisseur, procédure tournant à l’avantage de la France, l’OMC lui reconnaissant un droit d’entrave à la liberté de commerce pour des raisons de santé publique. Ouf…

Depuis novembre 2002, la procédure de diagnostic à utiliser pour déceler la présence d’amiante dans les bâtiments construits avant son interdiction totale en 1997 est décrite au sein de la norme AFNOR NF X 46-020, Diagnostic amiante et Repérage des matériaux et produits contenant de l’amiante dans les immeubles bâtis. Ce diagnostic est obligatoire si le permis de construire de l’immeuble concerné est antérieur au 1er juillet 2017 et il revêt les formes suivantes :

  • diagnostic amiante avant-vente si vous vendez votre bien ;
  • diagnostic amiante des parties privatives si vous louez un appartement ;
  • diagnostic amiante avant travaux si vous réalisez des travaux ou des démolitions ;
  • dossier technique amiante si vous recevez du public.

La pathogénicité des fibres d’amiante serait fonction de leur longueur et on distingue à titre médical les fibres courtes et les fibres longues. De récents travaux de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) ont cependant mis en évidence le caractère pathogène de la totalité des fibres. La réglementation se renforce au fil des années et il est patent que l’obligation de retrait sera à terme étendue à toutes les fibres d’amiante, et ce quelle que soit leur longueur.

Dans le domaine du bâtiment, on a longtemps insisté sur la différence entre les matériaux friables, par exemple les calorifugeages, et les matériaux non friables, encapsulés dans un autre matériau, tel que, par exemple, l’amiante-ciment. Ce n’est plus le cas de nos jours et on distingue actuellement les matériaux selon la classification suivante :

  • liste A : flocages, calorifugeages et faux-plafonds,
  • liste B : conduits, clapets, portes coupe-feu, planchers, plafonds, toitures, conduits en toiture,
  • liste C : plaques en toiture, bardage en façade, revêtements bitumés, colles…

Ces trois listes sont mentionnées à l’article R 1334-20, 21 et 22 du Code de la santé publique et la nécessité d’intervention est déterminée par le niveau d’empoussièrement pour la liste A et l’état de conservation des substrats pour les listes B et C, ce qui conduit de fait à vérifier le niveau d’empoussièrement.

Obligation est également faite de tenir à jour le Dossier Technique Amiante et d’en assurer la diffusion.

DÉSAMIANTAGE

Toute mise en évidence de la présence d’amiante entraîne l’obligation de procéder à son enlèvement par des sociétés spécialisées devant impérativement être certifiées et respecter la norme AFNOR NF X 46-010 qui décrit, de manière particulièrement complète et exhaustive, les exigences générales d’ordre administratif, juridique, économique, organisationnel, technique et opérationnel du désamiantage.

Les opérations de désamiantage sont, bien entendu, assujetties à la protection du site d’intervention, pour éviter une dissémination des fibres dans l’atmosphère environnante, mais également à la protection du personnel de l’entreprise qui doit impérativement être équipé de combinaisons, lunettes, masques, gants… Les déchets amiantés doivent être emballés d’une manière très précise et être entreposés dans des décharges spécifiques, dénommées ISDD (Installation de Stockage des Déchets Dangereux).

Notons, comme rien n’est simple dans ce bas monde…, que le donneur d’ordre du désamiantage, propriétaire ou copropriété, reste propriétaire des déchets, mais qu’il ne peut lui être imposé de les récupérer à l’avenir. Ouf…

Les premières années, durant lesquelles le désamiantage a été rendu obligatoire, ont été particulièrement chaotiques et il n’était pas rare de se trouver en présence de plaques d’amiante-ciment lors de promenades dominicales dans nos belles forêts d’Île-de-France. Cela est devenu plus rare. Soit la législation est mieux respectée, soit le rayon d’action des décharges sauvages a augmenté…

Il existe, bien entendu, le contraire serait surprenant, des sociétés de désamiantage qui ne respectent pas la législation en vigueur… à la consternation des propriétaires ou copropriétaires qui investissent généralement des sommes très importantes dans le désamiantage pour assister à des travaux exécutés en dépit du bon sens et de la réglementation actuelle.

Il existe également, fort heureusement, des sociétés parfaitement qualifiées et assurant des prestations strictement conformes à la législation en vigueur et, là encore, comme toujours dans le domaine du bâtiment, le recours à des professionnels qualifiés s’impose.

L’AMIANTE-CIMENT

L’amiante-ciment, ou fibrociment à l’amiante, est un matériau constitué d’un mélange d’amiante et de ciment qui, avant son interdiction, a été utilisé durant des décennies pour produire des plaques ondulées de couverture, des conduits de fumée et de ventilation et des canalisations diverses.

Notons que la fabrication et la commercialisation de ce matériau sont toujours autorisées au Canada et il serait mal intentionné de faire un rapport quelconque entre le maintien de cette production et le fait que le Canada soit le second producteur mondial d’amiante…

Ce matériau inerte ne présenterait pas de danger s’il était conservé à ses dimensions initiales, mais c’est bien entendu sa transformation par perçage, recoupe, ponçage, etc. qui présente des risques avérés de dissémination de fibres d’amiante dans l’atmosphère.

Il n’existe pas actuellement d’obligation légale de retirer des éléments en amiante-ciment, mais cette absence d’obligation est certainement plus imputable au coût que représenterait cet enlèvement qu’à un souci de santé publique. Ce sont, en effet, d’innombrables bâtiments à usage industriel ou d’habitation qui comportent des toitures en plaques ondulées ou des conduits en amiante-ciment et il est bien évident que les propriétaires ne pourraient assumer les coûts particulièrement élevés de cette dépose et de cette mise en décharge spécifique.

Néanmoins, ce que la législation actuellement en vigueur n’impose pas sera à terme imposé par le vieillissement et l’entretien de ces matériaux. Les toitures en amiante-ciment sont généralement anciennes et elles se dégradent comme toutes les toitures au fil du temps perdant leurs qualités dynamiques et n’étant souvent plus en mesure d’assumer leur fonction première d’étanchéité.

C’est là que leur remplacement par un autre matériau s’impose, précédé d’un désamiantage coûteux, et, alors que la réglementation en vigueur ne l’impose pas, du moins pas encore, supposant la réfection de la charpente généralement inadaptée à supporter le poids d’un autre matériau de couverture.

Concernant les conduits de fumée, généralement à usage d’évacuation de gaz brûlés de chaufferies collectives ou de chaudières individuelles, le problème est plus subtil.

La législation actuellement en vigueur n’impose pas la dépose des conduits dont le nombre est extrêmement important compte tenu de leur parfaite adaptation à cette fonction. Néanmoins, tout un chacun sait que la législation en vigueur en matière de chauffage et de fumisterie impose un ramonage annuel des conduits de fumée, ramonage de conduit sans lequel une chaudière n’est pas garantie. Et le propriétaire n’est généralement pas assuré contre l’incendie… s’il n’est pas en mesure de fournir la preuve qu’un ramonage annuel a été bien effectué ! Or, un chauffagiste ou un fumiste ne peut pas ramoner un conduit de fumée en passant le hérisson à l’intérieur d’un conduit en amiante-ciment sans risquer de provoquer une dissémination de fibres d’amiante dans l’atmosphère, risque augmenté de manière considérable lors de la remise en fonctionnement de la chaudière avec dégagement de gaz brûlés entraînant les fibres d’amiante. Donc, ramoner un conduit en amiante-ciment est impossible, mais la législation en vigueur impose ce ramonage. Il faut donc remplacer le conduit par un conduit en un autre matériau… CQFD.

En conclusion et pour finir selon mon habitude sur une note humoristique et ne pas décevoir par son absence mes fidèles lecteurs, l’amiante est un problème qui ne doit pas être traité à la légère, nonobstant le fait que sa masse volumique ne soit pas très importante.

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